Le sexisme a la vie et la dent dures

le rapport récent du HCE nous plonge dans un abîme de perplexité et nous pouvons le dire de grande tristesse.
Nous en avons extrait une compilation, le rapport complet peut être téléchargé (cf en bas de page).

(*) Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes

Plus violent, touchant de plein fouet les jeunes générations, le sexisme envers les femmes est quotidien, à travers toutes les activités de leur vie.
Bien que ces violences sexistes et sexuelles soient largement dénoncées, notamment dans les médias, et de fait connues par le plus grand nombre, elles ne cessent d'augmenter. 
Des avancées positives ont existé en 2022 avec l'avènement de politiques dédiées et des moyens nouvellement créés mais la situation reste alarmante.
Des voix s'élèvent en force et, dans quelques cas, conduisent les coupables devant la justice mais que reste-t-il de #MeToo au quotidien, là dans la sphère privée ou encore l'environnement professionnel ?
D'un côté l'opinion est très largement sensibilisée aux violences sexistes et surtout sexuelles et de l'autre, les chiffres de victimes et de crimes sont en augmentation.
On (et particulièrement les hommes sondés) reconnait et regrette l'existence du sexisme, en théorie, mais en pratique on ne la repousse pas.
Il n'y a qu'un pas pour dire que le sexisme est "banalisé" et quasi ordinaire !

Dans un grand nombre de cas, les femmes interrogées disent privilégier l'évitement pour ne pas être confrontées aux paroles ou actes sexistes.
Cela se traduit par le renoncement à se divertir seules, à s'habiller comme elles le veulent, se censurer dans leurs réponses, etc ....
Ces pressions s'ajoutent à la charge mentale déjà pesante et diminuent encore la confiance en soi.
Ce phénomène étant bien entendu largement présent aussi dans la sphère professionnelle.
Le rapport montre que le vécu du sexisme et ses violences est très alarmant, celles-ci s'aggravant contrairement à l'affichage d'une prise de conscience sur le sujet.

L'héritage culturel et du passé pèse lourd dans la capacité pour les hommes de sortir du schéma structurel du sexisme. Dans de nombreux cas, l'adjectif "bénin" colle aux comportements et les clichés, blagues douteuses, actes insidieux, etc ... perdurent chez les hommes qui, par ignorance ou paresse, ne s'incluent pas dans l'état de sexistes ordinaires, occasionnels ou fondamentaux.
La notion de génération est à prendre en compte dans les résultats de l'enquête : les réflexes conservateurs sont plus l'apanage des plus âgés, les jeunes actifs semblant se libérer des réflexes masculinistes. Si toutes les femmes ne se débarrassent pas des stéréotypes, les hommes, eux baignent encore en nombre dedans.
Les chiffres du rapport montrent une différenciation importante entre les deux genres.
Les fortes mobilisations sont nombreuses et efficaces mais il n'en demeure pas moins que l'enjeu de la lutte contre le sexisme et les violences sexistes et sexuelles est insuffisamment pris en compte par les pouvoirs publics et politiques.
L'anti-féminisme primaire et parfois violent contre les droits des femmes devrait faire l'objet de mesures plus percutantes par les pouvoirs publics. 

Aïe !
Malgré une mobilisation grandissante sur ces thèmes, les sytèmes publics de lutte sont ressentis comme inopérants, pas assez d'information sur les lois, sanctions, défaut de confiance envers les mécanismes et leurs acteurs.
On enregistre de fortes actions-réactions de la part de jeunes féministes sur tous les aspects du quotidien des femmes.
Le succès des manifestations est notable, positif et permet de diffuser une information essentielle ou un désir de s'informer. La parole se libère et engendre des dénonciations à répétition, l'observatoire étudiant des VSS dans l'ESR a d'ailleurs créé un baromètre de mesure suite à cette lame de fond.
Bien que ces mouvements soient devenus forts et conséquents, le débat public reste figé.
La déception est grande et se retrouve dans quelques chiffres donnés par les sondés ⇒

Anticiper, informer, éduquer
Dès l'enfance : dégenrer les jouets, éduquer, informer, accueillir les associations et leurs ateliers dans les écoles.
Les jeunes : rassembler leurs attentes grâce à un sondage national.
Les étudiants : favoriser l'accès à des carrières scientifiques, techniques aux jeunes filles.
L'entreprise : rendre obligatoire la formation de prévention et de lutte contre le sexisme.
Les médias : supprimer les stéréotypes sexistes et dégradants.
Presse écrite : encourager une plus grande présence des femmes.
En général : favoriser, par des bonus, des campagnes d'information.

Protéger
En milieu scolaire : renforcer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement, le cyberharcèlement.
En politique : systématiser l'inéligibilité des élus condamnés.
En entreprise : rendre obligatoire les démarches d'égalité.
En gendarmerie ou poste de police : former des personnels pour accueillir les victimes, prévoir des suivis médicaux, sociaux et psychologiques post-traumatiques.

Le rapport émet un grand nombre de recommandations, dont la quasi totalité revient aux pouvoirs publics et leur volonté avérée. Nous vous invitons à les consulter sur le document à télécharger ci-dessous.

Ce rapport montre, s'il en était que les acquis durement gagnés par les femmes (et hommes de bonne volonté) sont fragiles et qu'il est essentiel que tous les acteurs de la société prennent conscience puis se déterminent dans des réflexions et des actions concrètes de lutte contre le sexisme, les violences sexistes et sexuelles qui s'exercent dans une majorité de cas contre les femmes.
Les chiffres sont alarmants, la tâche est difficile, des avancées ont été faites mais de la résistance et des préjugés sur le sexisme émergent de ce rapport annuel. Des solutions existent pourtant !
La population a une grande part de responsabilité dans la persistance, voire l'augmentation des violences sexistes et sexuelles.
Il est difficile, d'un coup de baguette magique, de faire évoluer des siècles de banalisation du problème, du déni ou du rejet du simple bon sens. Il appartient à chacun de réfléchir et concevoir un changement profond d'attitude.
Cependant, RIEN ne sera possible sans une volonté politique et globale de changer les choses en octroyant des moyens concrets, faciles à utiliser et à l'effet pérenne.
Malgré des reculs et réticences, la société est prête à ce changement, reste aux pouvoirs publics à agir !