Ecofeminisme predations

L'écoféminisme : les prédations

Le 07/03/2023 0

Dans La femme est l'avenir de l'Humanité

Parlons écoféminisme (2/3)

Après avoir compris ce qu’est l’écoféminisme, voyons quelles sont les trois prédations identifiées. 
Pour pouvoir nous transformer, il est essentiel de remettre en cause les schémas de ces prédations, de ces dominations.

Une agriculture industrielle galopante dévastatrice

On est passé d’une agriculture responsable locale dans les mains principalement des femmes à une agriculture démesurée, masculine, industrielle.
Ce film remarquable de 2010 (*), toujours d’actualité, démontre comment, d’une agriculture respectueuse de l’environnement, de la biodiversité, nous sommes arrivés à une agriculture guerrière et destructrice, chimique et industrielle à base de pesticides, de machines.
(*) Pour mémoire : « Solutions Locales pour un désordre global » de Coline Serreau  https://youtu.be/3q_xzQ7pRi4

Des firmes industrielles comme Monsanto, Cargill ont gagné énormément d’argent en vendant des promesses aux agriculteurs, qui se sont encore plus appauvris.
Pour exemple, ils ont privé l’Inde de sa biodiversité. Avant la Révolution Verte, il existait 200 000 variétés de riz réduites aujourd’hui à 550. (voir article L'écoféminisme kesako ?). 
Cette révolution a conduit à la banqueroute de nombreux agriculteurs devenus entièrement dépendants des semences OGM stériles, des pesticides de ces grandes firmes. Ils ont perdu leur autonomie financière au service d’un meilleur rendement. 
En 2010, on comptait déjà 200 000 suicides. En France, la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est 20 à 30% supérieure à la moyenne de la population. En 2016, le nombre de passages à l'acte a été multiplié par trois. https://urlz.fr/kL7o .
Cette destruction de l’agriculture locale a également anéanti le dernier fief des femmes qui avaient la responsabilité de l’alimentation, de la semence, rôle détenu par elles depuis des siècles.
Par exemple, en Afrique, ce sont les femmes qui sont en charge de l’agriculture nourricière.
Dès qu‘il s’agit d’une agriculture exportatrice, business, ce sont les hommes qui s’en chargent. “La terre est féminine” dit Claude Bourguignon ingénieur agronome dans le film de Coline Serreau.
Serge Latouche, économiste, professeur à l’université Paris Sud ajoute :  “L'économie capitaliste est une économie de mecs ! Ce n’est pas un hasard s’il n’y a pas des femmes”.

Fort heureusement, des solutions concrètes, de proximité, d’agriculture raisonnée et autonome commencent à être mises en place par des hommes et des femmes qui ont pris conscience qu’il fallait changer nos comportements. 
C’est cette agriculture là qu’il s’agit de financer.

> Des Amap émergent, faire son potager devient un acte politique.
En 2015, le film Demain de Cyril Dion  bande annonce met en exergue des belles initiatives.
La mise en place de circuits courts et respectueux de l’environnement est l’angle essentiel des solutions locales.

Ces solutions sont développées dans le chapitre suivant : « L'écoféminisme : solutions » 

Une démographie galopante déséquilibrée

Il est clair que la quête effrénée au rendement agricole a pour objectif de nourrir une population de plus en plus importante sur cette planète.

Nourrir 8 milliards d’individus depuis le mois de novembre 2022 est un défi !  
A partir de l’après-guerre, les conditions de vie et les progrès médicaux ont permis de réduire le taux de mortalité dans le monde entier.

Ce recul significatif de la mortalité a conduit à une augmentation très rapide de la population. 
L’évolution significative de la démographie dès 1950 (cf schéma ci-contre) a un impact majeur sur notre environnement.   Source : https://urlz.fr/kL7p

Pour ralentir cette démographie galopante, des pays asiatiques ont pris différentes mesures de contrôle des naissances, prenant ainsi le contrôle du ventre des femmes !
Associées au poids culturel lié au sort des filles, ces mesures ont entraîné un déficit de la natalité encore plus fort pour celles-ci ! 
La Chine a ainsi, en 1979, imposé une politique de restriction des naissances, véritable catastrophe pour les femmes.
Le déficit de naissances de filles est dû aux avortements sélectifs ou à la surmortalité infantile.
Les femmes représentent 48% de la population chinoise.

En Inde, où la politique de restriction des naissances a été moins efficace, on assiste aussi à un déséquilibre filles / garçons, l’une des causes étant l’avortement sélectif après l’échographie pratiquée.

En 2008, on estimait le déficit de filles à 100 millions d’individus, dont 40 millions en Inde, et il pourrait atteindre 200 millions en 2025, 60 millions en Chine.
Un exemple affligeant de la discrimination avant même la venue au monde des filles ! https://urlz.fr/kL7t.
Cette situation existe notamment en Asie, en particulier en Chine, en Inde, au Pakistan, en Afghanistan.  https://urlz.fr/kL7w.

Jeudi 29 octobre 2015 
Le Monde - Chute démographique, déficit de filles : les effets de la politique de l’enfant unique en Chine. 
Pékin a annoncé en 2015 la fin officielle de l’interdiction pour les couples d’avoir plus d’un enfant, instaurée en 1979 et qui a eu des effets démographiques désastreux.  https://urlz.fr/kL7x 

Le travail non valorisé des femmes

La 3ème prédation est très clairement le travail considérable non valorisé des femmes pour leur foyer dans le monde entier.
Voir le TedX de Marilyn Waring économiste new zélandaise. :  Le travail non rémunéré que le PIB ignore -- et pourquoi cela a de la valeur. https://urlz.fr/kL7A 
Si vous faites de la lessive, que vous êtes (ou avez été) enceinte, que vous faites le ménage, des courses pour votre maison ou que vous faites des tâches similaires, alors d'après les standards du PIB, vous êtes improductive
Dans cette discussion visionnaire, l'économiste Marilyn Waring cherche à rectifier les échecs de ce système restrictif, détaillant pourquoi nous méritons une meilleure façon de mesurer la croissance qui estime non seulement notre subsistance, mais aussi celle de la planète.  https://urlz.fr/kL7C.

L’OCDE en 2011 a publié une étude sur le travail non rémunéré dans le cadre de la famille.

L’étude définit cette notion comme la production réalisée par des membres de la famille de biens et de services non commercialisés. 
La difficulté pour l’évaluer est de le distinguer de la notion de loisir car un travail non rémunéré peut procurer autant de plaisir qu’un loisir.  
Ce travail est principalement dominé par la cuisine, le ménage et le fait de s’occuper des enfants. 

L’étude sur 29 pays fait ressortir 3 à 4 heures/jour de travail non rémunéré et donc 14% de la journée avec évidemment une grande disparité entre les hommes et les femmes.

Fait intéressant : plus les femmes sont actives sur le marché du travail rémunéré, plus cela se traduit par une diminution de leur temps de travail non rémunéré. 

Il existe une forte corrélation négative entre le taux d’emploi des femmes dans un pays et le temps de travail non rémunéré moyen des femmes. 

AU SECOURS !!!: cette même étude souligne bien les bienfaits de ce travail non rémunéré principalement exécutée par des femmes. Elle affirme qu’il contribue de manière déterminante au bien-être de toute société, à la fois à la consommation courante (ménage par exemple) et à l’amélioration du bien-être futur (investissements des parents dans l’éducation des enfants). Mais elle oublie de souligner la conséquence de cette non valorisation du travail.

Quels que soient les pays, si une femme fournit un travail non rémunéré et un homme un travail rémunéré, tant que l’équilibre du foyer perdure cela ne pose pas de souci majeur. 
Les soucis apparaissent lorsque l’on considère la femme comme un individu et non comme uniquement la responsable du foyer.
En France, c’est tout le travail remarquable d’EMMA qui, grâce à ses dessins, contribue à une prise de conscience de cette charge mentale.
Tant que nous n’aurons pas un meilleur partage de cette charge du foyer, toute initiative sur un rééquilibre entre les hommes et les femmes est vaine.

Beryl Bès

Les prédations ont la vie dure mais les temps changent, les consciences se réveillent soit, lentement, mais sûrement !
Il y a des solutions ....

A venir dans le prochain chapitre : quelques solutions et idées à suivre  « L'écoféminisme : solutions » 


 

 

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