« Au début, il n’a demandé qu’une photo de mon corps. Après quelques heures, il a demandé si je pouvais lui en envoyer une autre, avec mon visage. » Puis, il est passé à la vidéo. « J’ai fait ce qu’il m’a dit. Ensuite, il m’a dit de jouer avec moi-même. Il m’a demandé de mettre mon uniforme d’écolière… » Ce témoignage est celui d’une jeune fille, collégienne à l’époque des faits.
Elle est une des 26 adolescentes parmi les 103 victimes identifiées de la Chambre N, un des réseaux d’exploitation sexuelle parmi les plus importants récemment démantelés en Corée du Sud. Créé sur l’application Telegram, il permettait aux utilisateurs d’avoir accès à huit « chambres », de 1 à N, présentant des contenus de plus en plus extrêmes. Les voyeurs payaient de 250 000 à 1,5 million de wons (de 187 à 1 125 euros), selon la pièce choisie.
Descente aux enfers
Aujourd’hui en dépression, l’adolescente a toutefois accepté de répondre anonymement le 24 mars aux questions de la chaîne CBS et de raconter sa descente aux enfers, commencée en 2018. « J’avais cruellement besoin d’argent », explique-t-elle. Au fil de sa recherche de jobs en ligne, elle reçoit un message lui en proposant un pour 4 millions de wons (2 900 euros) par mois.
Peu à peu, intimidée par « le ton autoritaire » de son interlocuteur, elle lui confie son adresse, son numéro de téléphone et ses coordonnées bancaires. A sa merci, elle aura tourné dans une quarantaine de vidéos. « J’avais peur qu’il diffuse mes informations personnelles si je disais que j’arrêtais », ajoute-t-elle, précisant qu’elle redoute d’être reconnue même si elle a aujourd’hui déménagé et changé de numéro de téléphone.
Personnes vulnérables
D’autres témoignages confirment que les créateurs de la Chambre N abusaient de personnes vulnérables. Sur Instagram, une certaine cutdo_g raconte avoir, elle aussi, cédé pour des questions d’argent. Un homme rencontré en ligne lui a proposé de faire du mannequinat. « Il a transféré 1 500 dollars (1 380 euros) sur mon compte, à l’avance. Pour moi qui survivais avec une allocation de 30 dollars (27 euros) par semaine, c’était beaucoup. »
Quand elle découvre qu’il s’agit en réalité de poser nue, elle veut arrêter mais il la menace. Elle s’exécute. Puis, « chaque semaine, il m’a demandé différents types de vidéos. Ça ne le gênait pas de me dire qu’elles étaient partagées sur Telegram. Cet enfer a duré un an. » Pour la maintenir sous contrôle, l’homme lui rappelait qu’il avait le numéro de téléphone de ses parents.
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