Pionnier du sujet, Frédéric Bordage et la communauté GreenIT.fr ont forgé des expressions et les définitions associées telles que « numérique responsable », la notion de « sobriété numérique » ou encore la « conception responsable des services numériques », thématiques fortement reprises dans les médias aujourd’hui mais parfois floues.
Explications avec Frédéric Bordage.
La fabrication des équipements numériques comme source majeure de pollution
« Le numérique à l’échelle planétaire représente aujourd’hui 3% des émissions de gaz à effet de serre, en comparaison, c’est plus que l’aviation civile. En 15 ans, l’impact du numérique dans le monde a doublé. Aucun autre secteur n’a évolué d’une façon aussi exponentielle. »
Malgré l’importance de l’utilisation du numérique dans l’impact environnemental, la phase de fabrication des équipements numériques constitue le plus fort de son ampleur. En cause : l’extraction des matières premières et leur transformation en composants électroniques.
« À titre d’exemple, la fabrication d’une unité centrale exige 100 fois son poids en matières premières. La taille des écrans ne cessant d’augmenter, notamment ceux des téléviseurs, la fabrication de ces équipements demande davantage de matières premières ».
Selon l’étude publiée par le Green IT en juin 2020 sur les impacts du numérique français, la fabrication des appareils concentre 36 à 85% des impacts environnementaux en fonction de l’indicateur observé, à savoir la consommation d’énergie, d’eau, les émissions de gaz à effet de serre ou l’épuisement des ressources abiotiques.
La fin de vie de ces équipements génère également une forte pollution et les matériaux contenus dans les appareils électroniques sont peu recyclés. « Le numérique génère 75 milliards de kilogrammes de déchets électroniques dans le monde, chaque année ».
« La multiplication des terminaux augmente également l’impact du numérique. En 2019, on dénombrait 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateur.ice.s, soit 8 équipements par utilisateur.ice.s ».
L’engouement pour les objets connectés (enceintes bluetooth, montres, éclairage…) ajoute encore à l’augmentation des équipements de notre quotidien. Le nombre d’objets connectés devrait être multiplié par 48 entre 2010 et 2025 selon le rapport de la communauté Green IT.
« Comprendre que « le numérique est une ressource critique non renouvelable », selon Frédéric Bordage
Aujourd’hui, notre société est dépendante du numérique qui est devenu indispensable, au quotidien, dans nos démarches administratives, bancaires, commerciales, etc …
Le demande croissante en numérique a pour conséquence de réduire ostensiblement la quantité de matières premières nécessaires à sa fabrication, et cette matière première est en voie d’épuisement.
« Si on continue à penser et à concevoir le numérique comme on le fait actuellement, ces ressources seront épuisées dans 30 ans. A ce rythme, à l’échelle d’une génération, les ressources nécessaires à la fabrication des matériels manqueront ».
On peut donc affirmer aujourd’hui que le numérique est une « ressource non renouvelable en voie d’épuisement ».